Mythes et réalités du recyclage des emballages

Nous sommes régulièrement sensibilisés à la nécessité impérieuse de trier nos déchets. Ainsi, d’années en années, les collectes dites sélectives se sont développées : les emballages, les piles, les appareils électriques et électroniques, les lampes, ou encore plus récemment les vêtements. Ces différents dispositifs permettent de recycler des matériaux qui pendant longtemps alimentaient les incinérateurs ou partaient en centre d’enfouissement. C’est un progrès.

Concernant les déchets d’emballages, la mise en place de la filière date de 1992, avec la naissance d’Eco-Emballages, société chargée de mettre en place la collecte et de la financer. Pour nous inciter à trier, l’éco-organisme diffuse notamment ce genre de publicité :

Le message est plutôt idyllique : les gens trient pour un monde meilleur, celui de l’économie circulaire où les emballages usagés redeviennent des emballages. La réalité est un peu moins rose. 20 ans après le démarrage de la filière, nous atteignons péniblement 64 % de taux de recyclage des emballages (alors que l’article 46 de la loi Grenelle I, votée en 2009, prévoyait un taux de recyclage de 75 % en 2012). Ce chiffre masque par ailleurs de grandes disparités suivant les matériaux concernés : ainsi, on ne recycle que 36 % des emballages en aluminium, et que 22,5 % des emballages en plastique  (source : rapport d’activité 2010 d’Eco-Emballages). Atteindre 100 % de recyclage semble illusoire.

recyclage

Collecte sélective au Mali

Il convient en effet de rappeler quelques vérités. Tout d’abord, c’est bien évidemment le consommateur qui est au coeur du dispositif : c’est lui qui trie ! Et disons le tout net, trier, c’est certes nécessaire, mais c’est contraignant, particulièrement pour les emballages. Car il ne suffit pas de mettre l’ensemble de ses déchets d’emballage de côté, il faut respecter des consignes de tri. En effet, tous les emballages ne se recyclent pas. Ainsi, pour le plastique, seuls en principe les bouteilles et flacons se recyclent (bouteille d’eau, flacon de liquide-vaisselle, gel douche, …). Et toutes les villes n’ont pas forcément les mêmes consignes de tri !

Certaines personnes ne feront jamais l’effort de trier, d’autres le font, mais en commettant des erreurs (exemple : les verres de table ne se recyclent pas ! Ce ne sont pas des emballages, et ils ont une teneur en plomb trop élevée).

Ensuite, tout ce qui est acheminé en centre de tri ne sera pas recyclé : il y a des erreurs d’aiguillage, des problèmes de qualité du gisement (cartons souillés par exemple), des impératifs logistiques. Par ailleurs, les matières recyclées ne  refont pas nécessairement des emballages. C’est particulièrement vrai pour le plastique, qui alimente d’autres filières (mobilier de jardin, tuyaux, vêtements, …). L’économie circulaire n’existe donc pas vraiment. Enfin, le recyclage n’est pas neutre sur le plan environnemental ; refondre du verre, par exemple, consomme énormément d’énergie.

Non content de trier, le consommateur paie également le dispositif, sanrecyclages forcément le savoir : sur tout produit emballé figure le “point vert” (logo ci-contre), qui symbolise une contribution financière versée à Eco-Emballages (et non le fait que l’emballage est recyclable !). Ainsi, lorsque nous achetons un produit emballé, une part du prix payé revient à Eco-Emballages ; cela représente plus de 500 millions d’euros par an.

Il faut donc ici rappeler que si le tri des déchets et le recyclage sont évidemment à encourager, c’est la réduction à la source qui est à privilégier du point de vue environnemental. C’est ce qui est d’ailleurs inscrit dans l’article L 541-1 du code de l’environnement : la prévention des déchets est la priorité.

En matière d’emballages, cet objectif est à notre portée avec des gestes simples qui peuvent également nous permettent de faire des économies : acheter en vrac, préférer les gros conditionnements, prévenir le gaspillage alimentaire, cuisiner plutôt que  manger des plats préparés, ou encore abandonner l’eau en bouteille pour l’eau du robinet. Pour le reste, trions la nuit, trions le jour, trions encore, trions toujours !

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